Poupette a treize mois. Elle se met debout en s’aidant de tout ce qu’elle trouve. Elle avance en poussant des objets. Elle marche d’un quatre pattes absolument parfait et rapide. De quoi peut-elle avoir besoin de plus ? Chaque chose viendra en temps voulu, je ne me fais aucun souci.
Mais je me suis rendue compte que cette question devenait récurrente. Hier, je suis chez le médecin, il me demande comment va ma fille, quel âge elle a maintenant et… alors, elle marche ?
NON.
Et ça va encore plus loin : en plus de me demander constamment si (enfin, mais quel flemmarde, ne pas marcher à 13 mois !!) Poupette marche, certaines personnes, que parfois je ne connais pas ou très peu, se donnent le droit de tenir ma fille debout, et d’essayer de la faire marcher. J’imagine que si c’est naturel pour certains, ça ne l’est pas pour nous, qui avons fait le choix de respecter le rythme de notre fille, et de ne lui imposer aucune position qu’elle n’aura pas en premier lieu expérimentée toute seule (motricité libre, qu’ils l’appellent). Donc je ne l’ai jamais tenue par les mains en lui disant : « vas-y, marche ».
C’est pourquoi je ressens presque une intrusion dans mes convictions profondes lorsque quelqu’un, qui plus est un inconnu, se permet d’essayer de faire marcher ma fille (heureusement, Poupette a son petit caractère et ne se laisse pas faire !).
En fait, je crois que tout le monde autour de nous a envie que les premiers pas de Poupette soient faits devant eux. Comme si c’était une compétition. Peut-être pour dire plus tard : « elle a fait ses premiers pas devant moi ». Peut-être pour être certain d’avoir une place importante dans sa vie. Peut-être (mais je vais sûrement trop loin), pour prendre un peu le rôle qui nous est réservé à nous, ses parents.
Est-ce aller trop loin que de vouloir que ses premiers pas nous soient destinés, à son père ou à moi ? Bien-sûr, il est fort possible qu’elle les fasse à la crèche, ou même quand elle est gardée par quelqu’un d’autre. Mais j’espère que dans ces cas-là, les personnes qui auront assisté à ces premiers pas sauront se taire et nous laisser penser que les premiers pas qu’elle effectuera seront pour venir vers nous. Bien-sûr nous ne pourrons pas être là lors de toutes ses premières fois, mais laissez-moi encore cette illusion.
Alors non, ma fille ne marche pas. Mais un jour, elle se lâchera et viendra vers nous, de ses doux petits pas frêles, pour nous offrir un câlin, une grimace, ou un éclat de rire. Et ce sera un de ces jours dont je me souviendrai longtemps et que nous lui raconterons quand elle sera plus grande et qu’elle nous demandera : « à quel âge j’ai marché, moi ? ».
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[…] Poupette, son papa et moi. On va acheter du pain*, Poupette est dans sa poussette, normal, elle-ne-marche-pas-encore-mais-presque-plus-que-quelques-jours. Il fait un peu froid, mais on est bien couvert. Une dame se penche sur la poussette, regarde notre […]