J’ai toujours adoré les mots. Toutes mes études ont d’ailleurs tourné autour de la langue, de la création de mots, de leur étymologie. J’ai une petite collection de dictionnaires que j’affectionne particulièrement. Comme qui dirait, les dicos, c’est mon dada ! Alors quand, un jour où je regardais les Maternelles*, Nathalie Le Breton a parlé du Petit Roro, tout premier dictionnaire pour bébé, je n’ai eu qu’une envie : l’acheter pour Poupette.
Je l’ai beaucoup cherché, jamais vraiment trouvé. Sans l’avoir même vu, j’ai fini par le commander. Et j’avoue que je n’ai pas été déçue ! Le Petit Roro est écrit par Corinne Dreyfus et superbement illustré par Benjamin Chaud : une belle place est en effet faite aux dessins, qui sont pleins de couleurs chaudes et qui, bien qu’étant figuratifs, laissent la place pour développer un bel imaginaire.
Chaque page propose un mot, en général de deux syllabes (ou plutôt une syllabe répétée), qui fait partie des premiers mots de l’enfant, de ce qui l’entoure : bébé, dada, doudou, toutou, tonton, nounou, miam miam, etc. Comme le dit Patrick Ben Soussan dans la préface :
« … les petits d’homme (…) commencent à parler en associant bord à bord, j’allais dire chair à chair, deux syllabes. Ils fondent alors le tout premier dictionnaire de la vie, le grand imagier de leurs premiers mots, mots doubles mais qui n’ont qu’un sens, formel, celui de dire le retour éternel du même, la compulsion à la répétition, le lien, la présence et l’absence. »
Même si, comme je l’expliquais ici, on emploie nous, quand on parle à Poupette, les mots tels qu’ils sont prononcés par les adultes (biberon et non pas bibi), le Petit roro permet pour le bébé d’aborder le monde qui l’entoure à son niveau. Lui va commencer à parler en jouxtant deux syllabes, et le livre va l’aider à mettre ses premiers mots sur des images.
Poupette, qui (elle a 17 mois au moment où j’écris ces lignes) ne prononce pas vraiment de mots, mais tente plein de choses qui n’ont pas vraiment de sens, du moins pas pour nous, a tout de suite adopté ce livre. Et ce livre nous a permis, parmi d’autres choses qu’elle fait, de voir qu’elle comprend vraiment ce qu’on lui dit, même si elle ne verbalise pour l’instant pas grand chose. Ainsi, quand vient la page « bye-bye », elle nous fait le signe de la main, et quand on en est à « dada », elle rebondit comme si elle était sur nos genoux à faire « à dada ». Le mot « guili-guili » la fait rigoler, et le « toutou » l’émerveille.
C’est vraiment drôle à voir, elle s’extasie sur chaque page, et essaie de prononcer à son tour les mots qui défilent : elle ouvre la bouche, mais ce ne sont pas les bons sons qui sortent, alors elle tente et elle retente. Je suis sûre que, grâce à ce livre, et à d’autres imagiers, le langage lui viendra plus facilement.
Le Petit roro fait désormais partie de ses livres préférés. Elle demande souvent à ce qu’on le lui lise, ouvre la page en général à « bébé », et fait un peu la même tête que lorsqu’elle se voit dans la glace : elle a reconnu que le bébé, c’est elle.
Et moi, je suis plus que contente que ma passion des dictionnaires ait commencé à déteindre sur ma fille…
Le Petit Roro (mon tout premier dico) de Corinne Dreyfus, illustré par Benjamin Chaud, Actes Sud Junior, 13,80 euros
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* J’adore cette émission, et je suis vraiment bien triste (et même un peu en colère) qu’ils aient décidé de l’arrêter… Bref, là n’est pas le sujet !
Comment
Le vocabulaire moyen d’un enfant en bas âge lorsqu’il commence l’école est d’environ 5000 mots. Dans leurs premières années, les enfants apprennent jusqu’à 5 mots par jour. C’est donc pertinent de leur offrir des livres pour apprendre des nouveaux mots et encore plus lorsqu’il s’agit d’une langue étrangère comme l’anglais. Pour que cela se produise, les enfants doivent être exposés à la langue de manière intensive, et encore plus si c’est une langue étrangère comme la langue de Shakespeare. Et ce qui compte, ce n’est pas seulement ce que les enfants entendent, mais aussi ce qu’ils entendent. C’est pourquoi si on veut que nos enfants apprennent des nouveaux mots et verbes en anglais et en français, il faut leur faire écouter intensivement des nouveaux mots et des nouveaux verbes. Plusieurs études ont montré que les enfants bénéficient d’une exposition à un vocabulaire peu familier.