Un an… La Polygraphe a aujourd’hui un an. J’ai l’impression que je viens à peine de créer ce blog et il fait désormais tellement partie de mon quotidien que c’est comme s’il était depuis toujours là ou presque. Alors, en guise d’anniversaire, au sens latin du terme (« qui se retourne vers les années passées », ne me remerciez pas !), je lance cette petite discussion dont le titre peut prêter à sourire : pourquoi je ne serai jamais une blogueuse influente.

Pourquoi bloguons-nous ? J’imagine que chaque blogueur, chaque blogueuse, aura sa propre réponse mais beaucoup diront : pour partager, pour garder une trace, pour susciter des émotions. Tous ne vous le diront pas, tous ne se l’avoueront peut-être pas, mais pour tous il y a toujours l’idée d’acquérir une certaine célébrité, d’être lu par un grand nombre, d’être sollicité par des marques, d’avoir plein de commentaires, bref, d’être une blogueuse influente.

Quand j’ai commencé à bloguer, voilà un an donc, je vous cacherai pas que je me disais ça : ça n’a pas l’air si compliqué, je sais aligner deux mots, mes photos ne sont pas dégueulasses, il y a tellement de blogs bourrés de fautes d’orthographe qui sont très suivis, dans trois mois je suis célèbre.

Mouhahaha que nenni. Un an après, aucune influence majeure. Un an après, j’ai finalement revu mon point de vue, et revu mes motivations. Je ne suis pas une blogueuse influente, loin de là. Mais aujourd’hui, cela ne me semble pas si important que ça…

Pourquoi j’ai échoué comme blogueuse influente

Quand j’y pense, et j’y pense, j’en vois plein, des raisons. En voici quelques unes…

Je n’arrive pas à me décider sur une catégorie

Moi qui voulais être touche-à-tout, finalement j’ai l’impression que cela me dessert. Si certaines personnes viennent ici pour lire mes recettes de cuisine, qu’est-ce qu’ils vont avoir à faire des couches lavables ? Ceux qui ne vivent pas à Bordeaux ne seront pas touchés par mes articles sur les restos de Bordeaux. Ceux qui ont des bébés mais ne cuisinent pas ne seront pas accrochés non plus par la plupart de mes articles. Bon, vous voyez le genre ! (D’ailleurs, vous, vous venez pourquoi ici ? N’hésitez pas à me laisser des commentaires, ça m’intéresse !).

Pull-apart bread

En fait, quand je regarde les statistiques du blog, je me rends compte que les articles les plus lus sont ceux présentant des lieux de Bordeaux. Mais je n’ai ni le temps, ni l’argent, d’aller au resto tous les jours, alors je pourrais difficilement tenir le cap de mes publications (et tout ça me fait penser que j’ai toujours un resto, dans lequel je suis allée en… novembre, et pour lequel j’ai vraiment accroché, pris des photos, etc., et dont je ne vous ai toujours pas parlé… Aïe !).

Je n’ai aucune régularité

C’est là le problème. Une vraie blogueuse influente, elle tient un calendrier éditorial. Elle a un bullet journal (bon, j’avoue, j’en ai un aussi… Ça veut dire que j’ai en moi une once de blogueuse influente, non ?!!!). Pensons une minute à la merveilleuse Edda de Un déjeuner de soleil, qui a eu un bébé voilà quelques années et qui a redoublé d’efforts avant son accouchement pour programmer des articles pendant son congé afin de garantir le rythme d’un article par jour… Moi je déménage et voilà que je vous abandonne trois mois ! Je poste ma recette de bûche de Noël début janvier, celle de la galette des rois est encore en train de dormir dans mon ordinateur (promis, pour la chandeleur, j’ai pris de l’avance !).

Je ne parle pas des soucis techniques que je laisse s’entasser sur mon site, sans prendre la peine de voir ce qui ne va pas. Les mises-à-jours, les bugs de thèmes, tout ça, je sais potentiellement faire, mais je ne prends pas le temps.

Je suis nulle sur Instagram

Je les vois, et je les admire, ces mamans qui tiennent des blogs et qui sont très suivies. Mais je pars avec un handicap profond : je ne veux pas mettre la bouille de ma fille dans l’internet. No way. Du coup, comment attirer les gens ? Car, on est bien d’accord, si je mettais ma fille en photo, j’en aurais des milliers de followers, elle est tellement mignonne, malgré sa coupe moyenâgeuse actuelle. Et puis, souvent, quand il y a une jolie vue, une jolie lumière, un truc qui serait super chouette de partager, je me dis « oh, ça ferait une super photo pour Instagram ». Manque de bol, je n’ai jamais le temps de prendre la photo, ou alors je la prends et j’oublie de la poster, car je discute avec quelqu’un ou que j’ai froid aux mains, souvent je n’ai tout simplement pas de place dans mon téléphone pour prendre ladite photo. Un échec, je vous dis. Et je sais qu’il faudrait que je commente plus de photos, que je sois plus active, mais j’ai du mal à être gnan-gnan, alors souvent, quand je n’ai pas quelque chose que je veux vraiment dire, je préfère me taire. Bref, j’y passe beaucoup de temps sur Instagram, mais jamais pour mettre mon blog en avant ! (La même analyse se fait pour Facebook et Pinterest…).

Cheesecake fraises et thé

J’ai l’impression que tout a été dit

Souvent, j’ai envie d’écrire un article. Mais je me rends rapidement compte qu’un autre blog l’a déjà fait, et mieux, souvent. Je pense au blog Baby Factory, que je suis toujours avec attention. Elles écrivent souvent des articles sur des sujets que je prévoyais d’aborder, avec un ton percutant que j’adore, alors j’abandonne. Et je ne parle pas d’Un déjeuner de Soleil, qui est pour moi la quintessence du blog culinaire, et dont finalement, je reprends très souvent des bouts de recettes ou des bases pour créer mes recettes (mais je la cite toujours, je vous rassure, je ne fais pas dans le plagiat !).

Des partenariats ? Quels partenariats ?

J’ai vraiment un problème avec cette question de partenariats. Je suis une grande lectrice de blogs, et quand un blog commence à nous vendre à tout va, tous les deux articles, un nouveau produit, je lâche l’affaire et j’arrête de le suivre. Cependant, je suis bien contente du fait que de nombreux blogueurs passent des heures et des heures à travailler sur leur blog (car c’est un travail), pour proposer du contenu de qualité, et qu’il faut bien qu’ils monétisent leur blog d’une manière ou d’une autre. De mon côté, je n’ai pas vraiment eu l’occasion de me poser la question, vue la faible popularité de ce blog. Deux fois, on m’a contactée. La première, le blog était tout bébé, et c’était pour une histoire de robes de soirées. J’ai décliné, en disant : « cela ne correspond pas à ma ligne éditoriale » (comme c’était kiffant cette phrase, comme si j’étais pro et que j’avais pensé à ma ligne éditoriale !). La deuxième fois, c’était pour de la charcuterie. Là, on m’a prise par les sentiments, j’ai accepté, j’ai mangé de la charcuterie, ça a été l’occasion d’une recette, d’un article. Cela ne m’a apporté aucune visite supplémentaire, et à part la satisfaction d’avoir mangé du jambon gratuitement, finalement pas grand chose.

Tartines de charcuterie

Pourquoi cette histoire de blogueuse influente, finalement c’est du flan

Alors je me demande : est-ce que j’ai vraiment envie d’être une blogueuse influente ? Est-ce que je n’ai pas d’autres raisons de tenir ce blog ?

Des retours constructifs

Oui, j’ai encore ce sursaut à l’intérieur de moi quand je vois un nouveau commentaire : « quelqu’un a pris le temps de m’écriiiiiire !!!!!! ». Certains deviennent fidèles, toujours un mot gentil, un avis sur la question, j’adore ça. Même si je ne crée le dialogue qu’avec peu de gens, l’important est que le dialogue est là. Et finalement, c’est pour cela que je l’ai créé ce blog, pas pour manger du jambon gratuitement (quoique… :P).

Une trace de mes recettes

J’adore cuisiner, vous l’aurez compris. Depuis des années j’invente des recettes, et je n’en gardais jamais aucune trace. Chaque recette tombait dans l’oubli. Voilà qui est maintenant réparé. Désormais, je peux me replonger dans chacune de mes recettes, il m’arrive d’aller sur mon blog retrouver des proportions pour une pâte à tarte. Et les photos ne restent pas à dormir dans mon ordinateur.

Salade de poulpe et asperges

Des concours stimulants

Depuis que je participe régulièrement à la Bataille Food, à la Battle Food, au Foodista Challenge, j’ai l’occasion de me croire à Masterchef, avec des ingrédients imposés, un timing à respecter, et j’adore ça ! Bon, je n’ai pas encore gagné, mais je le sens, la consécration n’est pas loin 😉 Et puis je découvre des blogs, d’autres découvrent mon blog, on a des échanges, et ça c’est vraiment super !

Un mur d’expression

Quelques fois je veux vraiment donner mon avis, partager quelque chose qui me semble vraiment important. Que ce soit sur la politique, sur la société de consommation, ou sur quelque chose de beaucoup plus personnel, c’est important pour moi de parler. Ici, j’ai mon espace, lira qui voudra, partagera qui aimera. Mais je me sens moins lourde, souvent, quand j’ai posé des mots. Comme un journal intime, avec un filtre quand même (des gens que je connais me lisent, je ne peux pas dire n’importe quoi de manière anonyme !). Comme une tribune, en tant que citoyenne, que maman, que personne.

Une expérience avérée

Quand j’ai décidé de quitter le monde universitaire pour celui de la communication en devenant rédactrice web, le fait d’avoir tenu un blog m’a beaucoup aidé. J’avais expérimenté la création d’un site et j’ai pu aller beaucoup plus vite en créant mon site pro. Je connaissais les problématiques de référencement naturel, et même si j’ai bien-sûr dû approfondir ensuite les choses, ça a été plus facile. Je savais ce qu’était Google Analytics, je trifouillais déjà dans le HTLM, etc. Une aubaine ! Et dans le monde de la communication, être blogueuse est, je crois, un plus.

Alors voilà, concluons ce flot de paroles : je ne suis pas une blogueuse influente, mais finalement, que m’importe ? Je trouve mon compte dans ce blog, je crée des échanges, je partage des choses. Le jour où je n’y trouverai plus mon compte, je l’arrêterai. Je laisse aux autres la charge d’être influentes, et de gérer des milliers de followers. Vous les 40 personnes qui me lisez, au moins, vous m’êtes bien plus importantes !

Bon anniversaire La Polygraphe ! Que les ans qui te restent à vivre soient aussi riches que cette première année !